Certains diraient que c’est une chance. Mais est-ce vraiment une chance d’hériter d’une société ?
Ce n’est pas qu’une société, c’est une sœur, un frère à part entière.
Petit, quand elle n’allait pas bien, quand elle était malade, la concentration était sur elle, juste sur elle.
Penser société, rêver société, cauchemarder société, parler société du matin au soir les week-ends, manger société, boire société. Tout était concentré sur elle.
Quand elle n’allait pas bien, il fallait la sauver, la soigner, faire revenir l’équilibre. Toute énergie était sur elle. Juste sur elle. La faire croître, la faire vivre, la soigner.
Hériter d’une société, c’est continuer à prendre soin de notre grande sœur, attachée à elle, on la porte, on la conduit, on l’aime, on la déteste.
Parfois épuisé, parfois, derrière nos sourires, il y a eu tant de larmes, d’énervements, d’injustice, de merveilleux souvenirs, de rire, de colère, de joie entre ses murs. Quel choix aurions-nous fait si nos parents n’avaient pas eu de sociétés. Serions-nous plus libres ? Peut-être.
Si quelqu’un veut lui faire du mal, on la défend. Tel un super-héros, on fera tout pour la défendre.
Hériter d’une société, c’est comme un pacte d’amour que nous faisons avec elle, à la vie à la mort jusqu’au successeur, à celui qui l’aimera comme nous, qui la portera.
Nos enfants, déjà la tête et le corps dedans. Ils savent que ce grand-frère ou cette grande sœur est également la leur. L’aimer, il l’aime déjà. La détester, il la déteste déjà pourquoi passe-t-elle toujours avant eux ?
On peut hésiter, faire demi-tour, dire non, fermer la porte, revenir, s’en aller, l’aimer à nouveau. Hériter d’une société, ce n’est pas qu’une histoire d’argent. C’est une histoire de sang, de lien, d’amour, d’attachement et il est parfois très difficile de faire des choix.
Le choix de partir ou de rester, claquer la porte et vivre une autre vie. C’est comme une rupture avec une sœur ou un frère auquel nous sommes profondément attachés. Tout le travail que nos parents ont fourni, toute l’énergie qu’ils ont mise dedans. Hériter d’une société, c’est une chance ou pas, mais c’est surtout une histoire d’attachement et d’amour.
Hériter d’une société, c’est faire cette promesse de continuer à aimer notre grand frère ou notre grande sœur, continuer à lui tenir la main, à être présent pour elle.
Alors si pour toi aussi, hériter d’une société est difficile, par moment, sache que tu n’es pas tout seul(e) et que pleurer quand les autres t’envient est légitime et que baisser les bras l’est aussi.