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A coeur ouvert : il était une fois un monde médical sous pression.

A coeur ouvert : il était une fois un monde médical sous pression.

Il y a peu, mon papa, paraplégique, a été un cas médical d’urgence, accompagné par certains spécialistes qui ne comprenaient pas, n’entendaient pas la gravité de la situation. Les médecins traitants avaient beau écrire à leurs confrères, rien ne bougeait.

C’était épuisant de voir cet homme qu’est mon papa baisser les bras alors que depuis 40 ans il fait preuve d’une telle énergie pour vivre et écrire sa vie. Je me suis sentie tellement impuissante face à une médecine coupée de toutes émotions.

Alors, quand l’instinct de survie entre en jeu, restons-nous zen?

Absolument pas.

Je ressentais tellement de tristesse de voir mon papa aussi démuni, de voir ma maman prendre soin de lui telle une véritable infirmière, à le réveiller la nuit pour être certaine qu’il était encore vivant, à nettoyer son sang en pleine nuit lorsqu’il a fait une hémorragie.

J’ai ressenti de la peur aussi, celle de perdre mon papa. Et puis de la colère, parce que je ne comprenais pas pourquoi, malgré la sonnette d’alarme tirée par les médecins traitants, les radios, les scanners, AUCUNE prise en charge n’était possible. CAUSE : pas de place. Même eux, les médecins traitants étaient impuissants. Ils étaient impuissants face à leurs confrères spécialistes, alors qu’ils sont en premières lignes quand nous allons mal, nous orientant vers celui ou celle qu’ils estiment être la bonne personne pour vous venir en aide.

J’ai eu l’impression que mon système était dans une machine à laver en plein essorage, comme dans un film de mauvais goût. Impuissante face à toute cette situation qui nous déboussolait complètement.

Je pourrais en vouloir à ces professionnels qui n’ont pas pris le temps de poser un diagnostic juste, qui n’ont pas pris le temps d’accueillir un patient, car je rester persuadée que chaque être est unique et q’une infection peut être légère pour l’un et grave pour l’autre. Mais j’ai également compris à quel point ils sont sous pression.

Et savez-vous ce qui se passe quand on est sous pression? On perd ce côté humain et chaleureux qui fait toute la richesse de l’HOMME. Leur en vouloir à eux, qui (je l’imagine pour la majorité) ont choisi la médecine par vocation, par amour pour l’humain?

Un spécialiste sur trois est en burn-out dans certains hôpitaux, d’autres partent pour se mettre à leur compte et diminuer la pression subie. Le monde médical va mal et j’avais besoin de comprendre pourquoi il y avait eu non-assistance à personne en danger. Lorsque j’ai posé cette question à une spécialiste. Elle m’a expliqué à quel point ils étaient surchargés et sous pression avec ce mot qui est revenu plusieurs fois : Rentabilité.

La rentabilité et l’humain doivent-ils être ennemis? Est-ce qu’un jour, l’humain reviendra au centre d’un système qui part en vrille et qui fait de nous des robots?

Nous sommes des êtres de connexions, de liens, et j’espère de tout coeur que le milieu hospitalier pour un jour respirer et s’ouvrir à de nouveaux possibles où l’HOMME reprendra toute sa place.

De par l’handicap de mon papa, j’ ai croisés, tellement de spécialistes au chevet de mon papa depuis ma naissance. Ils avaient ce regard confiant qui rassurait, qui nous disait que tout allait bien se passer et que s’il arrivait quelque chose, ils auraient fait de leur mieux.

Ils était ces hommes et ces femmes extraordinaires que j’admirais et à qui j’aurais donné ma confiance aveuglément.

Aujourd’hui, le monde médical est pressé, oppressé par la rentabilité. Le patient est devenu un numéro. L’angoisse, la peur, la tristesse ne sont plus apaisées, elles sont à vif. Les spécialistes supposés rassurants ont perdu, pour certains, leurs sourires et nous ressortons d’un rendez-vous, des urgences, déboussolés, incompris comme si nous avions pris 1000 gifles. 15 minutes… pas le temps de plus rentabilité oblige.

L’empathie, la bienveillance, la compassion? Pas le temps! Alors que ces approches sont connues pour leurs effets apaisants.

La rentabilité et la technologie finiront-elles par remplacer la richesse et la chaleur humaine?

Je rêve d’un monde où les valeurs humaines reprendraient pleinement leur place, où le patient serait soigné, écouté, regardé.

Je rêve d’un monde où, dans les yeux de certains spécialistes, je retrouverais ce que je voyais autrefois : la passion et la joie d’exercer ce qui est plus qu’un métier : UNE VOCATION.

MERCI

En terminant ce texte, j’ai à coeur de remercier tous les médecins traitants, les spécialistes qui se sont battus sans relâche pour que papa soit pris en charge.

Et puis, à vous, tout le personnel du CTR Brugman. A vous qui avez compris l’urgence. Merci d’avoir pris soin de mon papa, pour votre grandeur d’âme, pour vos sourires, pour votre présence auprès de lui, pour votre richesse humaine. Vous avez été formidables. MERCI 1000 FOIS.