< Retour aux news

Nature

Vivre le deuil d’une grossesse

Vivre le deuil d’une grossesse

Je n’ai pas la prétention de tout connaître, d’avoir vécu le pire. Je suis consciente qu’il y a parfois un monde de différence entre la vie que nous nous étions imaginée lorsque nous étions petit enfant et celle qui est finalement la nôtre.

Nous sommes toutes et tous confrontés à de nombreux combats, et j’ai décidé de vous partager l’un des miens, récent.

J’ai mis du temps à rédiger cette « news ». Je l’ai écrite une fois, deux fois, trois fois… Je voulais trouver les mots justes pour vous exprimer ce qui est présent en moi, mais parler en profondeur demande de se montrer vulnérable.

Ma part guerrière a fini par accepter de se dévoiler.

Il y a quelques mois de cela, ma vie a été ébranlée alors que j’étais enceinte de mon deuxième enfant.

Un jour où je travaillais dans notre société, je me suis fait agresser par un client. Il était enragé parce que je n’allais pas assez vite pour prendre sa commande ; dans ce milieu, le fait que je sois une femme ne passe pas pour certaines personnes, qui estiment avoir le droit de me manquer de respect. Suite aux demandes de son cousin et de ses frères, nous avons pris la décision de fermer. Nous ne savions pas s’ils allaient revenir avec une arme, une arme blanche… Une chose était certaine : il était hors de question que je laisse mon frère. J’étais en état de choc : tout mon corps tremblait ; il faisait chaud et pourtant, j’avais froid… 

Deux jours après ce violent incident, j’ai cru que je faisais une fausse couche. Le traumatisme avait été tel que je n’étais pas réellement surprise par cette tournure dramatique. J’étais en formation au moment où j’ai ressenti cette douleur aiguë.

Toute l’équipe a été adorable, bienveillante, et j’ai décidé de poursuivre les cours jusqu’à la fin de la journée.

En sortant, je me suis effondrée. Je ne me sentais pas capable de rentrer auprès de mon compagnon, à Namur. Je ne voulais pas que ma fille me voie dans cet état. Il m’était impossible de faire semblant de rien. Je ressentais un besoin inexplicable de retrouver les miens, en Ardenne, et surtout mon Bon-Pa… Deux séismes en si peu de temps, j’avais besoin d’être près de lui.

Une dizaine de jours plus tard, mon médecin a consulté ma gynéco qui m’a programmé un rendez-vous le lendemain. Je me souviendrai toute ma vie de ses mots : « Anne-Catherine, je ne rigole pas, c’est grave. Tu fais ta prise de sang ce soir et on voit demain. » Je me suis dit qu’elle exagérait, qu’il n’y avait rien de grave. Mes veines me jouant des tours, mon médecin a dû s’y reprendre à six fois, ce soir-là.

Le lendemain, ma gynéco m’a contactée et m’a intimé de me rendre de toute urgence à l’hôpital pour y subir une opération. Je n’avais pas fait de fausse couche. J’étais en train de vivre une grossesse extra-utérine. Une de mes trompes était nécrosée, et a dû être retirée. 

Je pensais avoir fait le deuil de cette perte, mais ce n’était pas le cas.

Je gardais ce sentiment de culpabilité de n’avoir pu me protéger, protéger ma fille en me mettant en danger, ainsi que l’âme que je portais lors de cette agression.

Ai-je encore l’envie d’être enceinte, aujourd’hui ?

Me dire que plus jamais je ne porterai la vie me bouscule, mais une part de moi reste traumatisée par ces évènements.

Si je vous partage un bout de mon histoire, c’est pour que d’autres, dans ce qu’ils vivent, osent parler, se confier, demander de l’aide et du réconfort, osent dire stop quand c’est assez et prennent le temps d’écouter leur corps dans ce rythme effréné que nous offre la vie.

OSER être, même vulnérable, est important pour être relié à soi & à l’autre.

Et vous, osez-vous, tout simplement ?